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TYPES DE CONTES ADAPTES AUX TOUT PETITS :



(D'après Hélène LOUP, dans "Conter pour les petits". Edisud.)

À partir d’une trentaine de récits, contes et comptines, connus ou moins connus, écrits comme elle les raconte, Hélène Loup aborde, dans cet ouvrage, l’une des difficultés de l’art délicat de la "conterie" aux tout-petits, la trame. Et son corollaire, le répertoire. Dans les récits destinés aux moins de cinq ans (crèches – petits et moyens maternelles), la structure est linéaire, c’est-à-dire sans rebondissement. Elle doit aussi être évidente et aisément repérable, sans quoi l’enfant risque de se perdre et de se désintéresser de l’histoire. L’utilisation de gestes, chansons, dessins, ficelles, papiers pliés ou d’objets peut rendre la trame plus accessible … ou la brouiller. Pour l’adulte conteur, il est donc nécessaire de l’avoir très clairement en tête et de prendre plaisir à jouer avec. Le travail sur la trame permet aussi de déceler, s’agissant de récits plus complexes, la possibilité ou non de les simplifier sans les dénaturer, voire de les abréger. Ou, au contraire, de retrouver du sens dans un conte mal retranscrit, comme cela arrive plus souvent qu’on ne pense. Enfin l’auteur propose une méthode simple pour visualiser et rendre plus concrète la trame d’une histoire à de très jeunes enfants à partir de dessins symboliques, à la fois schématiques et lisibles. Elle est en cela activement aidée par Anne-Marie Tropet, peintre au talent confirmé et spécialiste, entre autres choses, de calligraphie chinoise.

Les contes merveilleux, dits "contes de fées" (Cendrillon, Hansel et Gretel, Blanche Neige...) ne sont pas adaptés aux enfants de moins de 3 ans, trop complexes ! Il est néanmoins important de noter que les sujets abordés dans les récits pour tout petits peuvent tout à fait leur échapper, sans que cela les empêche de s'y intéresser, si la trame est facile à suivre.
Voici une proposition de classification des différents contes, récits, chansons, jeux rimés ... destinés aux moins de trois ans :



Avant six mois : Les récits sont linéaires, sans rebondissement. Ce ne sont pas encore des histoires, ce sont surtout des jeux de doigts et de corps, des enfantines, des comptines. La parole est souvent chantée. Le bébé réagit à la musique et au rythme du langage.
Ce n'est qu'à partir de 3 ou 4 mois que le nourrisson commence à montrer un intérêt pour une parole-jeu non chantée (du style "la petite bête qui monte") et pour une énumération-description du corps
(Exemple : "beau front, yeux de velours, nez bochard, bouche d'argent, menton fleuri, guili, guili !) L'adulte effleure de l'index les traits du visage de l'enfant et termine ces jeux par des chatouillis dans le cou.

A partir de six mois : Les énumérations-descriptions peuvent être réalisées sur soi-même et suivies par les nourrissons (si on le fait doucement !).
Les contes à doigts ont beaucoup de succès. Les doigts représentent des personnages (ce sont presque des marionnettes). La main devient la famille et les doigts, par leur taille, soulignent le rôle et l'identité de chacun des membres (avec une place particulière donnée au plus petit, parfois malheureux, parfois gâté)
. Exemple : Ma poule a pondu un oeuf, celui-ci l'a ramassé, celui-ci l'a cassé, celui-ci l'a cuit, celui-ci l'a mangé, et le pauvre kiki qui n'a rien eu lèche le plat, petit kiki ! Lèche le plat !
A noter aussi dans cette catégorie toutes les variantes de Monsieur Pouce.
Les premières "histoires" arrivent. La structure est très simple : un héros qui fait une action, à la suite d'un élément déclencheur, mais l'élément déclencheur n'est pas "volontaire". (Exemple de l'enfantine du petit escargot qui dort pendant qu'il fait beau dehors, mais un nuage passe, fait tomber la pluie, et puis s'en va. Petit escargot sort une corne, deux cornes, et s'en va faire une promenade !) Parallèle de cette histoire avec le petit enfant qui réagit à son environnement (plus qu'il n'agit) et tente de s'y adapter.


A partir de un an : La structure de l'histoire se complexifie : l'action du héros rencontre une résistance, ou bien entraîne une réaction, auxquelles succède une autre action du personnage principal, et cela deux ou trois fois de suite en ce qu'on pourrait nommer une série d'actions-réactions, avant que l'on parvienne à la nouvelle situation appelée "situation finale".
A cet âge, l'utilisation d'un support visuel (objet, dessin...) ou sonore (voix, chant instrument...) aide à la compréhension et au suivi de l'histoire. La trame de l'histoire doit rester très simple, avec peu de personnages (3 semble être un bon nombre) pour que l'enfant puisse suivre.
Des randonnées simples peuvent être utilisées avec un maximum de trois éléments et deux étapes.
Ils aiment aussi à retouver les jeux chantés et rimés qu'il écoutaient il n'y a pas si longtemps !!


A partir d'un an et demi : les récits où séries d'actions-réactions s'organisent en deux ou trois étapes et encore un peu plus, comportant elles-mêmes des séries qui s'organisent à leur tour en épisodes comprenant chacun deux ou trois étapes. C'est le conte à rebondissement.
A noter la grande peur qu'inspire le loup à cet âge. A prendre en considération pour ne pas "terroriser" les petites oreilles... la simple évocation du loup fait son effet.

Les randonnées par accumulation sont aussi bien adaptées, quitte à raccourcir, à enlever des étapes. (Conte de "la moufle", du "gros navet"...) Ici encore, des objets peuvent être utilisés pour raconter, au fur et à mesure de l'avancée du récit, les objets sont montrés et alignés devant les enfants. Mais il peut aussi être question de dessins, d'images... et bien d'autres choses.


A partir de deux ans : Premiers contes de malice, avec une astuce, une finesse très simple. Randonnées un peu plus complexes, avec un aller et un retour. L'évolution se situe surtout au niveau de la longueur du récit, du nombre de mots et du vocabulaire utilisés.
L'aide à la visualisation de l'histoire peut encore se faire avec des objets mais aussi avec une gestuelle significative.


A partir de deux ans et demi : La structure de l'histoire devient plus complexe. Elle peut comporter deux ou trois épisodes.


Dans la préface de Jacques Lacroix, du livre "De bouche à oreilles" de Geneviève Massignon. Collection "Territoires" 1985:
"Au sein des assemblées d'enfants, ce sont les conteuses qui initient le petit auditoire au lexique de base.
L'apprentissage des noms des doigts de la main y est illustré par un récit mimé mêlant la découverte du vocabulaire, l'exercice et l'imagination.
Plus tard viennent les contes énumératifs qui délient les langues, les contes d'animaux et les récits d'avertissement qui balisent l'espace interdit.
Enfin, les contes étiologiques offrent au petit homme des réponses sur l'origine des noms de lieux, sur la nature, le monde animal ou le commencement de la vie. "


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