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COMMENT RACONTER AUX MOINS DE 3 ANS :


Il ne faut pas croire ceux qui vous diront qu'il faut avoir eu telle formation, ou avoir suivi x stages avant de commencer à raconter aux enfants. Chacun peut se lancer après avoir préparé et travaillé sa série d'histoires avec une bonne dose d'honnêteté, un zeste de courage, un brin de fantaisie et une belle envie d'apporter quelque chose à l'enfant.
Le reste est une histoire d'expérience qui viendra avec le temps. Cette expérience se nourrira du respect en conscience de ce que l'on fait et de ceux qui nous écoutent.
Dans un deuxième temps les formations et stages vous apporteront quelque chose et un jour qui sait, vous serez peut-être amenés à en faire votre profession.
Dans son article sur le site de "petit monde.com" Sylvie R. Blanchet nous dit : "Raconter, c’est vivre une histoire et la faire vivre. L’art de raconter est à la portée de tous pour autant que la personne qui raconte s’exécute avec passion, qu’elle mette de côté sa timidité et sa peur du ridicule, qu’elle développe certaines qualités essentielles telles que l’enthousiasme, la confiance, la sensibilité, l’écoute, la capacité d’utiliser les ressources de sa voix et de son corps, l’audace et l’autocritique.
Au fond, les attitudes et les qualités requises dans l'art de raconter sont les mêmes qui servent à accompagner les tout-petits dans leur vie de tous les jours. Elles se développent avec la pratique et l'expérience.
C’est ainsi que l'art de raconter se bâtit d'histoire en histoire, en explorant les différentes questions et réactions verbales et non-verbales que peuvent susciter un texte et ses illustrations. "


Ceci dit, raconter pour les tout-petits, c'est une aventure, c'est un voyage dans un autre monde... Lorsque l'on raconte en crèche, il faut pouvoir s'attendre à tout ! La règle d'or semble donc être l'Adaptation ! Ce n'est pas nous qui décidons... Adieu l'idée de réaliser une séance bien définie ... place à l'écoute, la spontanéité et l'improvisation.

Quoiqu'il en soit, conter aux tout-petits nécessite certaines attentions de la part du conteur, par rapport à la manière de raconter, au vocabulaire utilisé, aux gestes et aux supports employés...

L'aménagement de l'espace :
La délimitation d'un espace par un tapis au sol permet de définir de manière très claire les deux espaces en jeu : espace public et espace conteur.
Ce système permet aux enfants de visualiser leur limite spatiale, même si parfois elle est franchie au cours de séances... A vous de gérer en direct et de faire avec !!
On dit que le conte est un art de la nuit. On pourrait être tenté de "faire le noir" pour créer une ambiance propice à l'écoute (comme on le fait pour les plus grands), mais attention ! Les petits ont peur du noir ! C'est un fait. Inutile donc de les angoisser pour pas grand chose. Ce n'est pas là le plus important.
A partir de deux ou trois ans, on peut aménager plus facilement une pénombre.

La manière de conter:
On ne raconte pas à des tout-petits comme à des plus grands. Il s'agit de rendre le récit accessible aux enfants, sans pour cela "bêtifier". Attention à ne pas accélerer le rythme d'un conte sous prétexte que le temps d'attention des plus jeunes est assez court. Il vaut mieux raccourcir ou simplifier le conte. L'accélération du récit ne fait que les perdre, ils ont besoin de temps !
Les plus jeunes sont très sensibles aux intonations de voix et aux mimiques des visages. Le "sur-jeu", surtout avec les bébés et les petits de crèches peut les "terroriser". La tonalité, la douceur de la voix et les mimiques sont donc fondamentales pour faire entrer les enfants dans une relation de confiance et d'émotions partagées avec le conteur.
La répétition est un outil privilégié de la petite enfance dans la construction du monde, du sens, c'est un point de repère et d'assurance. On peut donc ne pas s'en priver dans les séances auprès des tout-petits, aussi bien dans les rituels mis en place que dans les histoires racontées et les structures utilisées.

Attention à ne pas faire des séances trop longues... le temps d'attention est limité ! Les séances durent entre 15 et 45 minutes selon les âges. Mais là encore, il n'y a pas de vérité unique.
C'est le matin et en milieu d'après-midi que les enfants sont les plus receptifs, les plus disponibles à l'écoute. A éviter les séances en fin de matinée quand les ventres commencent à trop gargouiller ou juste après la sieste, lorsque les yeux et l'esprit ne sont pas encore tout à fait sortis du sommeil.

Quel vocabulaire ?
Toutes les images mentales ne sont pas encore en place chez l'enfant de moins de trois ans, mais en pleine construction, de même que le langage. Si l'on ne devait utiliser que les mots que les enfants connaissent et ne parler que des sujets qu'ils ont déjà rencontrés, cela serait bien trop limité. De plus, le conte offre aux enfants un bain langagier qui fait partie intégrante de leur imprégnation et de leur ouverture au monde. Ce qui veut dire qu'il faut pouvoir utiliser un vocabulaire riche, quitte à l'expliciter (le terrier, la maison du lapin...) à l'imager. C'est à partir du vocabulaire que les enfants vont se créer les représentations mentales associées à un mot.
L'utilisation des pronoms n'est pas simple avec ce public. Il se retrouve vite perdu et ne sait plus qui est "il" ou "ils" ni "elle" ou "elles"... Il vaut mieux répéter les noms des personnages, c'est plus clair.

Les gestes :
"Joindre le geste à la parole"... cette citation s'applique bien aux tout jeunes pour renforcer la compréhension. Le geste se détache de la parole, il se fait avant ou après, mieux vaut éviter le pendant. Attention aux gestes trop complexes, trop brusques ou trop sonores.
La gestuelle répétitive et partagée par le public permet aux enfants de "s'approprier" l'histoire ou du moins, d'accompagner le conteur dans le déroulement de l'histoire.

Les supports :
"Montrer" aide à la compréhension lorsque les images mentales ne sont pas encore en place, même si le conte se définit comme "un art qui ne montre pas mais qui donne à voir...", il y a nécessaire adaptation quand il s'agit des tout petits.
Les objets, les marionnettes, les dessins, les instruments, les photos, les papiers, les jouets, les images... peuvent être des supports utilisés comme médiateurs à l'histoire. L'important est que ces supports ne soient pas trop présents pour ne pas "cacher" l'histoire.
Ces supports sont de précieux auxiliaires du conteur qui permettent aux petits de ne pas suivre une histoire seulement avec des mots. Ils permettent aussi de varier le rythme de l'histoire, de créer des surprises, d'aménager des cassures, de relancer l'écoute.
De la même façon, l'utilisation de comptines, de chansons, de jeux de doigts, de mains, de corps qui ponctuent la séance sont les bienvenus.

Quelques ouvrages sur le sujet :

Conter pour les petits : la trame.
Hélène LOUP Editions Edisud L'espace du conte (207 p.) 23/09/2002
Aborde l'une des difficultés rencontrées dans la pratique du conte destiné à de très jeunes enfants de moins de 5 ans : la trame, qui aide à suivre le fil du récit. L'utilisation de gestes, chansons, dessins, ficelles, papiers pliés ou objets peut aider à rendre la trame d'une histoire plus concrète et plus accessible aux tout-petits.



L'éveil par le conte : petit parcours théorique suivi de 25 historiettes pour parents et éducateurs de jeunes enfants
Jean-Claude RENOUX Editions Edisud L'espace du conte (127 p.) 12/01/1999
Une initiation à l'art de conter aux tout-petits, illustrée par des contes qui pourront être exploités par les parents et les éducateurs.

Points de vue de Conteurs... et autres avis éclairants :


Pour apporter votre témoignage

Christiane Midawa Vitard. - conteuse - région Nantaise
C'est ' merveilleux' que nous soyons de plus en plus nombreux à conter pour les tout-petits enfants mais cela nécessite un grand discernement
En tant que intervenante, animatrice de stage pour un public travaillant auprès des tout-petits , c'est un plaisir pour moi de remercier la compagnie Apple-paille.
En effet j'ai pu trouver sur leur site, une riche synthèse d'informations essentielles, adaptables et efficaces . Les orientations, conseils et éclairages qui aident à aborder la parole conteuse auprès des très jeunes enfants viennent, j'en suis certaine, d'une véritable et longue expérience de la part des conteurs d'Apple-paille.
Aussi, je souhaite que nous soyeux nombreux à en bénéficier..




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